En partant du principe que la modernité s'est constituée comme une avancée sans cesse renouvelée, je souhaiterais continuer à saisir les plus innovatrices formes d'expression dans le domaine de la culture contemporaine. Un tour de table généraliste me fait penser que la partie la plus inhabituelle se joue dans la gastronomie. Et particulièrement dans cette nouvelle discipline qu'est la gastronomie moléculaire. Ce nouvel élan de la cuisine fut le fruit conjoint du français Hervé This et de l'anglais Nicholas Kurti et la date officielle de sa naissance fut 1992. Ils révolutionnèrent la gastronomie via leurs recherches dans la chimie et la physique des ingrédients culinaires et de leurs transformations. Ainsi les gouts et les images de la nourriture prirent un nouvel essor. Grâce au chaud et au froid, grâce aux maitrises des températures de cuisson, grâce à l'utilisation de la neige carbonique et des émulsions on arrive à fournir des textures, des arômes et des gouts nouveaux. Ce qui est mis en avant ce sont les phénomènes sensoriels associés à l'acte de manger. Mais qu'est-ce que la gastronomie moléculaire a avoir avec l'art contemporain ? Eh bien nous pensons que les processus à l'œuvre dans l'art d'aujourd'hui sont similaires et complémentaires. Les artistes puisent dans l'histoire tout en rejetant les conservatismes. Ils rationnalisent et redéfinissent la technique. Ils transforment les formes, ils amalgament les idées, ils déclinent les processus, ils affutent les esprits, ils travestissent les objets et les matières, ils singularisent leurs attitudes, ils politisent leurs volontés et ils émulsifient le statut de chaque action.

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